Rares sont les ménages qui ne possédaient pas au moins une photo Polaroid. Était-ce celle de l'arbre de Noël prise avec ce gadget glissé sous le sapin, celle favorisant l'irrésistible attirance des coquins/coquines ou encore celle répondant à une tentative d'expression artistique pour diluer les couleurs pendant le développement comme le faisait Andy Warhol? Allez savoir.
Flash back
Quoi qu'il en soit: depuis 1947, la production totale des appareils Polaroid dépasse les 200 millions d'exemplaires. Mis bout à bout, ils couvriraient une distance supérieure à la circonférence de la Terre.
Toute l'histoire remonte à 1937 lorsqu' Edwin H. Land interrompit ses études à université de Harvard et se lança dans la fabrication de filtres de polarisation pour équiper les lunettes de soleil des pilotes d'avion. Dix ans plus tard, il présentait un appareil de photo instantanée. Le procédé, destiné au grand public, connut plusieurs évolutions, dont l'introduction de la couleur en 1963.
Laboratoire ambulant
Dans les modèles, le négatif, le positif et le réactif étaient réunis sur une même pellicule dite « intégrale ».
Déclic: le négatif est impressionné. Les trois composantes de base de la lumière (rouge, verte et bleue) vont réagir en présence d'un sel d'argent spécifique à chacune d'entre elles puis formeront toutes les couleurs secondaires.
Éjection: les deux rouleaux situées à la sortie de la pellicule allaient comprimer et crever deux micro-poches sises dans le bord blanc caractéristique de la photo Polaroid. Elles libéraient un réactif qui fera passer le négatif au positif.
Stabilisation: un acide situé sur la couche supérieure du positif neutralisera le traitement... et la photo est terminée.
Un cliché Polaroid n'était plus unique. La technique d'autrefois permettait de faire des copies avec ou sans négatif chez son marchand de photos habituel.
Sans concurrence
Une bonne centaine d'euros d’aujourd’hui suffisait généralement pour acquérir un appareil Polaroid bas de gamme dont les résultats étaient acceptables. Ne croyez toutefois surtout pas à une quelconque philanthropie de la firme américaine, elle se rattrapait sur le prix de la cartouche. Une photo Polaroid valait environ 2,50 euros, soit trois fois plus qu'un cliché traditionnel. Le marché était juteux: Polaroid bardé de brevets incontournables détenait le monopole absolu de la photo instantanée. Kodak avait voulu se lancer dans l'aventure en 1976 mais le géant jaune dut y renoncer après un procès qui dura neuf ans.
Vintage mais technologie up to date
Les difficultés dues à la percée de la photographie numérique conduisirent la firme à se restructurer en 2001.La fabrication des appareils à développement instantané cessa en 2007 avant de recommencer en juin 2009 avec la sortie du Polaroid Two, un appareil photo numérique de 5 Mpx avec imprimante, au format Polaroid, incorporée. Il permet de sélectionner les photos à imprimer. Les prix sont plus avantageux qu'autrefois.
Arch. Partir-magazine.com Claude-Yves Reymond