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Pionnier du fitness

Fitness

| Roger Schaefer

En 1955, Roger Schaefer ouvrait sa première salle de culture physique à Lausanne. D’hier à aujourd’hui, coup d’oeil rétrospectif sur le fitness avec le «Plus bel Athlète d’Europe 1958», un physiothérapeute de 78 ans en pleine forme exerçant toujours à Grandvaux.


« Dans cette première salle, il y avait des jours pour les femmes et d’autres pour les hommes. Le matériel? Des barres, des poids et quelques machines que j’avais fabriquées. On ne parlait pas de fitness ni de body-building, des mots nouveaux qui datent d’une trentaine d’années, mais tout simplement de culture physique et de culturisme. Le but recherché était de ressembler au «Discobole», un corps ciselé harmonieusement par Myron au Vème siècle. Cette tendance respectant les canons plastiques de la Grèce ancienne sur le plan physique venait de France. Puis soudain, il y eut l’école américaine visant à tout prix la recherche de volume. Et tout bascule. Dans les concours à cette époque, il y a désormais deux prix: l’un récompense l’athlète et l’autre l’ « armoire à glace ». En quelques années, on passe très vite d’un tour de biceps de 40 cm considéré comme déjà très avantageux à l’époque à plus de 65, la norme d’aujourd’hui pour espérer monter sur un podium. »

Roger Schaefer

 Avec ou sans suppléments ?

Au début des années 60, Dianabol, Dianavit et autres compositions miracle à base de testostérone que l’on se procurait rarement officiellement circulent dans les vestiaires des salles d’entraînement. « Ces produits permettaient de récupérer plus vite après l’effort. C’est du moins ce que l’on disait. J’avais dans ma salle quatre gars qui en prenaient. Les doses? Hé là, vous savez à l’époque, le mode d’emploi était peu précis à ce sujet ainsi que sur les effets secondaires. Bref, quelques mois plus tard, les douleurs qu’ils avaient dans les genoux étaient insupportables.»

Profession de foi

Roger Schaefer n’entre pas dans ce jeu mettant en danger sa santé. «On doit éviter de chambouler le système hormonal de base. Le bodybuilding, c’est l’inverse de l’anorexie. Psychiquement, c’et le même trouble.»

Confronté à ce changement radical d’orientation de la culture physique vers le bodybuilding et ses dérives promues par les frères Joe et Ben Weider, il découvre alors l’acupuncture, la médecine énergétique chinoise et le tir à l’arc taoïste qu’il met en pratique parallèlement à son activité de physiothérapeute. Sportivement, il continue de s’entraîner naturellement, chez lui ou au Club lausannois d’haltérophilie et de Musculation (CLHM) qu’il fonda en 1952 et dont il est toujours le président. « Notez que ce matin, j’ai préféré faire un peu de vélo pour la vue superbe du vignoble du Lavaux se reflétant dans le lac. Je suis monté de Grandvaux à Chexbres. Combien de kilomètres ? Je ne sais pas… mais cela grimpe le long de la Corniche. Mon hygiène de vie est très simple : Je mange de tout en évitant les sauces et les corps gras en trop grandes quantités. Je ne bois pas d’alcool et je n’ai jamais fumé. Je prends quotidiennement du ginkgo biloba et du ginseng. Je pratique aussi la méditation, la séance est courte parce que j’ai tellement d’idées pour des réalisations futures qui trottent dans ma tête que… »

Instant de réflexion avant de poursuivre: «En 1950, j’avais découvert dans la revue «La Culture Physique» deux photos d’un athlète à 40 ans d’intervalle. Il n’y avait pratiquement pas de différence. Cette vision a dû s’inscrire dans mon inconscient. Et j’ai voulu suivre cet exemple par un développement naturel du corps permettant à l’esprit de se réaliser pleinement.»

Propos recueillis par Claude-Yves Reymond

 

INFOS

Institut du Genevrey, ch. de Lallex 13, 1091 Grandvaux, tél : 021 799 20 65, http://www.genevrey.ch/

DVD: « Une vie sans dételer », un entretien de Roger Schaefer réalisé par Mario Bucciarelli.

Il y a plus d’un siècle
On pouvait lire pompeusement dans «La Culture Physique» du 15 mai 1908: «Le Cercle Haltérophilie de Lausanne, de fondation toute récente, faisait disputer dimanche dernier son 1er championnat réservé à ses sociétaires.
Dans son discours, M. Journeaud constate les bons débuts de la jeune société. Il attire tout spécialement l’attention des jeunes sur le côté éducatif du sport haltérophile, en insistant sur la nécessité de pratiquer au début les exercices devant assurer un développement complet avant de se livrer aux exercices de force proprement dits, et de travailler pour leur santé et non dans un but de vanité ou de gloriole, de façon à répondre aux qualités essentielles que doit posséder tout bon système d’éducation et de culture physique soit: esthétique, hygiène, force et santé.»
Le journaliste concluait son papier avec humour: «Une soirée intime, où la présence des dames vint jeter sa note gracieuse et gaie, termina cette belle journée.»

04.02.2011 10:18

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