Après un bel essor, Champex semblait s’être endormie : l’épicerie du village avait fermé ses portes et pas un bancomat ne pointait son nez à l’horizon. Proxy et un distributeur de billets Raiffeisen sont à nouveau présents. Avec l’indispensable du quotidien, la station (re)valse donc aujourd’hui avec succès sur le créneau du tourisme écologique et responsable. Sans oublier la position stratégique qu’elle occupe sur le parcours du Mont Blanc très en vogue. Les randonneurs s’y arrêtent et prolongent leur séjour. Quant aux autres visiteurs, ils s’adonnent à des loisirs en prise directe avec la nature.
Prendre le temps
La pêche sera-t-elle fructueuse ? Assurément, on a cœur ici de mettre des alevins dans les eaux de ce lac de montagne. Pas vraiment envie d’attendre que le poisson morde à l’hameçon ? Alors dégustez les truites du lac au Relais de Campagne « Au Vieux Champex ». Au bleu, c’est un régal.
Jusqu’à fin octobre, la cueillette de champignons est aussi fructueuse dans le Pays du St-Bernard. Pour un plein de bolets depuis Champex-Lac, suivez le « Sentier des Champignons » long de 7 km qui dégringole en direction d’Orsières. La balade dure un peu de moins de 3 heures.
Ecouter le brame des cerfs, caresser un authentique chien Saint-Bernard, observer les marmottes ou mitrailler avec son appareil photographique des fleurs alpines, Champex propose une pléiade de loisirs à l’heure de l’été indien.
Sur les hauteurs, le Jardin botanique alpin Flore-Alpe offre ainsi pas moins de 4 000 espèces de plantes dont 1 500 suisses. ll y a aussi quelques ruches avec une production annuelle de quelque 70 kg de miel. Même s’il n’est pas garanti que vous puissiez acheter un petit pot à la boutique, ce lieu enchanteur de 6 000 m2 à une altitude de 1 500 m au pied du Catogne vaut le déplacement. Pour un panorama unique sur le lac de Champex et les cimes enneigées des Combins.
La gorge adoucie
Retour en plaine et excursion à Bruson dans le Val de Bagnes. Peut-être y rencontrerez-vous Jean-Luc Deslarzes, un agriculteur qui, sur 4 hectares de son domaine, cultive des plantes médicinales dans un environnement bio. « Je me suis rapproché de la juste valeur du patrimoine que les anciens nous ont transmises, dit-il. Je crois que les nouvelles générations attendent aussi cela de leurs aînés. »
Sitôt cueillie et deux heures plus tard dans les cellules de séchage de Valplantes à Sembrancher, une coopérative dont il fait partie, la production de Jean-Luc Deslarzes comporte une douzaine de plantes médicinales. La menthe pour vous rafraîchir la bouche, la mélisse pour calmer une gorge irritée ou un subtil mélange bienfaisant conçu par Ricola. Le géant mondial du bonbon à Laufon s’approvisionne chez Valplantes.
Ce paysan de montagne gère également son troupeau de 800 moutons élevés naturellement. « Un kilo d’agneau importé de Nouvelle Zélande représente 7 kg de kérosène. Je trouve cela irresponsable.»
En compagnie de son fils, il s’est lancé récemment dans le fromage avec le lait de la brebis basco-béarnaise. Une gourmandise à déguster sur place.
Pour une parenthèse
De Bruson au nord, jetez un coup d’oeil sur l’agglomération d’en face, une cité plein sud qui envahit un plateau surplombant le Val de Bagnes. Une autre réalité. Oui, c’est Verbier. La station cosmopolite et des 4X4 polluants où 2 500 personnes vivent à l’année et qui voit sa population monter jusqu’à 30 000 personnes en période de haute saison. Et le succès se poursuit dans le glamour, le luxe et les « after ». Curieusement en dépit de ses volets clos, Verbier manque de lits et on attend avec impatience l’ouverture du complexe « Les trois Rocs » géré par W, le fleuron de la chaîne Starwood, prévue pour 2013. Y aura-t-il un spa ? Assurément parce que cet endroit accuse curieusement en ce domaine un certain déficit. Valmont et celui du Chalet d’Adrien ne suffisent à la demande ou du moins à la réputation tumultueuse de la station en proie à l’extrême sportif. Faites un saut à Verbier, juste pour savoir si vous aimez ou pas du tout ! La demi-mesure n’est guère de mise.
Pour décrocher véritablement du quotidien, découvrez comme certains cadres de Nestlé ou de Philip Morris réunis en séminaires à Commeire et passez quelques jours de détente zen chez Montagne Alternative.
Dans ce hameau quasiment abandonné face au massif du Mont Blanc, trois investisseurs étrangers ont achetés, dès 2005, des granges désaffectées qu’ils ont transformées en maison d’hôtes de luxe. « Tout allait trop vite et trop loin pour moi, confie le fondateur Ludovic Orts à la tête d’une PME de 35 employés à Bruxelles de 1991 à 2002. Il me fallait décrocher et revenir à l’essentiel. Comme j’avais passé toutes mes vacances dans ma jeunesse en Valais, j’y suis revenu et j’ai découvert Commeire. Ce village m’a inspiré pour créer le concept Montagne Alternative. »
Ici, la nourriture est certifiée bio, des cours de yoga sont proposés et il n’y a pas de téléphone ni de télévision dans les chambres. Juste une installation Wi-Fi permet aux hôtes qui le désirent de rester connectés au reste du monde. Entre sérénité zen et réalité redevenue relax.
Claude-Yves Reymond - Wellness & Santé magazine automne 2011
INFOS