Des berges de la Seine, les yeux hésitent entre le pont Louis-Philippe, à gauche et le pont Marie, à droite qui fut le premier à avoir ancré solidement l’île Saint-Louis à la rive droite de Paris. Option prise sur ce dernier et plongeon dans le passé. La première pierre de cet ouvrage fut posée le 11 octobre 1614 en présence du roi Louis XIII, de la reine, sa mère, Marie de Médicis, et du maître d’œuvre Christophe Marie. Cette solennité marque le véritable début de l’existence de l’île et de la construction des maisons, dont beaucoup furent érigées selon les plans de Louis Le Vau, architecte ordinaire du roi.
Quelques vaches
Il est curieux de songer qu’il fallut attendre jusqu’à ce moment-là pour coloniser ce banc de sable en forme de parallélogramme régulier long de 600 mètres et larges de 170 mètres environ. Etrangement, durant des siècles, cet espace éloigné d’à peine 70 mètres de l’île de la Cité était resté désert. Seules, quelques vaches appartenant aux chanoines de Notre-Dame y broutaient paisiblement avec, parfois, pour les distraire au XIII ème siècle, la visite du roi Saint-Louis plongé dans la lecture de son bréviaire ou méditant ses croisades futures. C’est du moins ce qu’affirme la légende.
Vers 1356-1359, un événement important marqua toutefois l’histoire de l’île. Afin d’améliorer la défense de Paris, on barra la Seine d’une chaîne de fer tendue des rives avec appui sur l’île puis une tour de garde, protégée d’un fossé dans lequel les eaux s’engouffrèrent, fut construite.
L’île se trouva ainsi partagée en deux îlots : en amont, l’île aux Vaches, et en aval, conservant son nom, l’île Notre-Dame.
Le temps passe et l’endroit reste toujours inhabité jusqu’au 14 avril 1614, quand un contrat est signé entre les représentants de Louis XIII et Christophe Marie. Celui-ci s’engage, d’ici à dix ans, à réunir les deux îlots, à ceinturer la nouvelle île de quais revêtus de pierres de taille, à construire des ponts et à ouvrir des rues pavées larges de 4 toises, soit environ 8 mètres. L’entreprise est financièrement hasardeuse et Christophe Marie doit s’associer à Lugles Pouletier et à François le Regrattier. Tant que bien que mal, les maisons s’érigent les unes après les autres. Excentriques et parvenus habitent sur les quais, boutiquiers et artisans dans les rues intérieures.
Des amours toujours souvent déçues
Fin de la parenthèse historique qu’il est important de connaître pour ne pas être un rien désappointé, voire déçu, avant de défiler devant les façades superbes aux portes closes de l’île Saint-Louis.
Devenu désormais une sorte de Villa Médicis au cœur de Paris, le majestueux hôtel de Lauzun est ainsi définitivement fermé au public. Acheté par le Qatar, le bel hôtel Lambert à l’architecture étagée est drapé de bâches en plastique pour cause de rénovation totale provoquant la polémique. C’est là que Voltaire et Mme du Châtelet y abritèrent quelque temps leurs amours éphémères. Ce fut aussi la cachette des aviateurs alliés abattus au dessus de la France pendant la Seconde Guerre mondiale et finalement, à la fin des années cinquante, la résidence d’une actrice de cinéma « T’as de beaux yeux, tu sais ! » dont le mari trop coureur mourut d’un infarctus pendant l’acte chez une péripatéticienne. Que souhaiter de plus ! La star ramena le corps du défunt en pleine nuit afin que les gazettes du monde entier croient que… Chut ! Dans l’île Saint-Louis, on joue « Huis clos ».
Depuis le quai Bourbon, empruntez tout de même la rue Le Regrattier autrefois appelée rue de la Femme-sans-Tête dont l’inscription est encore lisible. Juste à l’angle, il suffit de lever les yeux vers cette enseigne d’un marchand de vin représentant une femme sans tête tenant un verre à la main. La devise était « Tout est bon ». Il est évident qu’une femme sans tête ne peut être que délicieuse et fort agréable. Gent féminine, ne brandissez pas le poing, ni d’étendard manifeste ! Nous sommes à la fin du XVII ème siècle ne l’oubliez pas !
Un peu plus loin, au numéro 5, Charles Baudelaire, âgé de 22 ans, y avait installé sa maîtresse Jeanne Duval dite la Vénus noire, sorte de demi-mondaine qui jouait les utilités au Théâtre de la Porte Saint-Antoine. En échange de cet amour fou, la mulâtresse de petite vertu ne donna à Charles que la vérole. Fleur du mal dont il mourut. Puis, dans un zigzag de d’une rue à l’autre, entrez dans l’église dont les dimensions vous surprendront et finalement achetez des timbres pour vos cartes à la Poste dont l’architecture en béton sixties est en passe de devenir « vintage ».
Un détour chez Asma
Un rien de fatigue dans les jambes et un petit creux à l’estomac ? Si oui, c’est l’occasion de faire un saut maintenant, en remontant la rue Saint-Louis-en-l’Isle, à la Pâtisserie La Charlotte de l’Isle. Laissez-vous tenter par les créations d’Asma Soula dont les noms font frémir ou rêver entre « Balais de sorcière » (écorces d’oranges enrobées de chocolat) et « Le déjeuner sur l’herbe » (friandise au massepain).
Au fil du temps qui passe, la fin de l’après-midi approche. Les antiquaires et les galeries d’art par trop nombreux baissent leur rideau de fer, les touristes sont partis et les « louisiens » sortent pour faire leur marché. Daniel Auteuil choisit son chèvre à la fromagerie B. Lefranc mais Claude Sarraute se fait livrer. C’est l’instant où l’île Saint-Louis, aux allures de village, retourne à ses habitants.
Claude-Yves Reymond - Wellness & Santé magazine 41
Suggestion
L’île Saint-Louis se visite de préférence l’après-midi. Pour le matin, filez jusqu’au Jardin des Plantes ! La Grande Galerie de l’Evolution a rouvert ses portes. En ces lieux, déjeunez au restaurant La Baleine (www.restaurant-la-baleine.com), cuisine originale à prix corrects.
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Se loger
Hôtel Tivoli *** : 7, rue Brey – F-75017 Paris – tél : 0033 (0)1 43 80 31 22, www.tivolietoile.com. Boutique hôtel typiquement parisien au surprenant patio baigné de lumière et entièrement rénové dans le courant de l'été 2010, l'hôtel TIVOLI est idéalement situé pour un séjour touristique ou d'affaires : à 2 min de l'Arc de Triomphe et de la station de métro Charles de Gaulle - Etoile desservant le coeur de Paris ou le quartier de La Défense, à 5min des de l'avenue des Champs Elysées, à 15 min du Palais des Congrès de la Porte Maillot. L’île Saint-Louis, sur la rive droite, est à 15 min de métro.
Aller
Dès le 12 décembre 2010, Paris et Genève sont encore plus proches. Avec un temps de trajet de 3 h05, le train devient largement plus attractif que l’avion avec toutes ses contraintes. Il y a 9 aller et retour par jour entre Genève et Paris.
Lyria première permet de bénéficier de nouvelles prestations incluses dans le prix du billet dont un menu froid de qualité (petit-déjeuner, déjeuner, dîner, brunch ou collation en fonction des horaires) qui est servi à la place.