Décédée en 1979, Marie Métrailler possédait un atelier de tissage au cœur du village d’Evolène. Elle externalisait une partie de son travail et a ainsi permis à plus de 250 femmes de la région de travailler à domicile, de gagner en autonomie financière et en indépendance.
Féministe et écologiste bien avant l’heure, farouchement indépendante, révoltée contre l’église et les curés, infiniment cultivée, Marie Métrailler est une figure incontournable et fascinante. Plusieurs émissions lui ont été consacrées ainsi qu’un livre poignant, intitulé La poudre de sourire, dans lequel Marie-Magdeleine Brumagne journaliste et autrice romande, s’entretien avec Marie Métrailler sur sa conception de la vie et sur la particularité du mode de vie autarcique des habitantes et habitants des régions de montagne particulièrement reculé qu’est alors le fond du Val d’Hérens.
Une fondation pour réhabiliter l’atelier de tissage de Marie Métrailler et le faire vivre
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L’atelier a progressivement fermé ses portes à partir des années nonante. La Fondation a été constituée en octobre 2017 dans le but d’acquérir puis de réhabiliter l’atelier de tissage que Marie Métrailler avait ouvert dans son village, à la fin des années 30, en pleine crise économique et à une époque où les femmes jouissaient de très peu d’autonomie. En restaurant cet atelier, le Conseil de la Fondation, constitué de 9 membres engagés, vise à la valorisation et à la transmission des savoirs, savoir-faire et traditions liés au travail du fil dans le val d’Hérens. |
Fin 2020, la Fondation a réuni la somme pour acheter l’ancien atelier et le rénover en quelque 10 mois. L’Aide suisse à la montagne a soutenu le projet à hauteur de 130'000 francs. L’expert bénévole de l’ASM, Pierre Praz, en charge d’évaluer la demande de la Fondation, s’est montré enthousiaste : « Cet atelier renoue avec la tradition tout en créant de la valeur ajoutée, comme de nouveaux emplois. Sa rénovation permet de satisfaire la curiosité de nombreux visiteurs et d’honorer la mémoire de Marie Métrailler. »
Le 5 mars 2022, une inauguration pour saluer l’œuvre d’une visionnaire
Eddy Favre, co-président de la Fondation, souligne : « La date d’inauguration du 5 mars n’est pas due au hasard du calendrier. Elle se situe à mi-chemin entre la date d’anniversaire de Marie Métrailler - née le 1er mars 1901 - et le 8 mars, Journée Internationale des droits de la Femme ». Une manière de saluer l’œuvre de cette pionnière de la cause des femmes, souvent regardée de travers par les habitantes et habitants de la région à l’époque et cultivant des relations d’amitié et de respect avec Marguerite Duras ou encore Marguerite Yourcenar qui lui rendaient visite dans sa boutique d’Evolène.
Une rénovation lumineuse
Jacqueline Fivaz, architecte d’intérieur et membre du comité, a été mandatée pour élaborer l’ensemble du projet de transformation. Et le résultat est spectaculaire ! L’atelier est lumineux, sobre, accueillant, chaleureux. Le balcon d'accès en mélèze a été entièrement refait à neuf. Les murs de façade ainsi que le plafond et le plancher ont été repris et isolés. Des WC ont été aménagés. L’ancien plancher a été recouvert d’une chape (pour répondre aux exigences du service feu) et d’un nouveau plancher en chêne du plus bel effet, le plafond a été recouvert de sapin clair vapo brossé. L’espace office, quant à lui, a été aménagé avec de la pierre verte d’Evolène. Les touches contemporaines apportées notamment grâce à l’éclairage et aux casiers séparant les écheveaux multicolores de laine, de chanvre, de coton, viennent rehausser et habiller les lieux en finesse.
Deux emplois créés
Les métiers à tisser ont été réinstallés et la Fondation a pu engager deux tisserandes. Marli Beytrison et Jocelyne Luca Chevrier sont à l’ouvrage plusieurs jours par semaine. Elles s’entrainent, testent les métiers à tisser ainsi que les différents fils à disposition et débutent la production. Elles proposent déjà de magnifiques créations, à l’instar de ce splendide chemin de table, en coton beige uni et agrémenté de superbes armatures. Il constitue un exemple des quelques tissus d’ameublement déjà mis en vente à l’atelier dans une fourchette de prix allant de 180 à 250 francs suisses. Des prix tout à fait corrects pour des pièces uniques d’une qualité exceptionnelle et faits entièrement main.
Deux lignes de produits dans un premier temps et travail sur commande bienvenu
L’idée est de développer une ligne dans la pure tradition de Marie Métrailler, en reproduisant une partie de son catalogue d’échantillons, de proposer des produits d’ameublement intemporels, tels que rideaux, chemins de table, sets de table, couvertures, descentes de lit, coussins. « Aujourd’hui, le tissage contemporain impose son charme à la décoration d’intérieur et son intégration ne connait pas de limite », souligne Jacqueline Fivaz. Et Denise Métrailler de renchérir : « Nous envisageons de travailler sur commande. Nos créations s’adressent tant aux particuliers qu’aux décorateurs d’intérieur, aux architectes, aux tapissiers, aux hôteliers et commerces de la région.» Les membres du comité planchent également sur une seconde ligne, plus contemporaine et peut-être en lien avec la mode, avec la collaboration de l’École de couture du Valais, par exemple.
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Horaires d’ouverture et contact :
Vendredi :9h00 – 11h00 et 14h00 – 17h00 Tél. 077 499 24 87
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