Justin Wexler. La « Confiserie Géromoise. Gérardmer.

Que cela soit bien clair dès votre arrivée, Gérardmer se prononce avec un « é » final. « Autrefois, la terminaison était « meix » signifiant jardin en vieux français. Le duc de Lorraine Gérard d'Alsace, au XI ème siècle, en avait fait son terrain de chasse aux alentours de sa maison de campagne. Dès 1779, on l'écrit avec « er » à la fin, précise Valérie Lanoë, chargée de la communication à l'office du tourisme. Celui-ci est le premier qui vit le jour en France, soit le 23 juillet 1875. Il fut fondé par un groupe de notables issu du « Comité des promenades » pour faire la connaître la région. »

Tradition séculaire et savoir-faire unique

Cette ville de 8000 habitants est considérée comme la capitale du linge de maison haut de gamme en France. L'industrie textile à Gérardmer remonte au XIX ème siècle. Elle fut favorisée par les ressources locales comme l'eau des montagnes essentielle pour le « blanchiment sur pré » qui a contribué à la renommée de ses toiles de lin et le tissage.

Au début, tout est manuel dans un cadre familial puis des ateliers sont créés avec des métiers à tissage mécaniques. Le plus ancien, celui de Virginie Thiebaut et de son époux Jean-Baptiste Garnier, date de 1833.     Quant aux Établissements Nathan Lévy, ils voient le jour en 1888 et deviendront la manufacture « Le Jacquard Français » en 1974, un nom faisant référence au lyonnais Joseph Marie Jacquard qui inventa ce métier à tisser automatisé. Cette machine révolutionnaire, utilisant des cartes perforées pour programmer des motifs complexes a marqué un tournant majeur pour l'industrie textile.

Depuis 1999, Olivier Durand est le contremaître responsable de toute la production du « Jacquard Français » dans les ateliers sis au 45 Boulevard Kelsch. « Sur 1800 m2, plus de 70 personnes postées en deux équipes façon « 2x8 » y travaillent sur 53 métiers actifs... mais qui ne tournent pas toutefois tous en même temps. Toutes les étapes sont réalisées sur place : ourdissage, tissage sur métiers jacquard, encollage, teinture, confection et contrôle qualité. »

 La classe... Vive le shopping !

Il faut environ 5 jours pour fabriquer un torchon damassé au prix haut de gamme. Pour la petite histoire, le Roi des Belges passa commande de plusieurs nappes de 30 m de long et, aujourd'hui à l’Élysée, Emmanuel et Brigitte apprécient l'enchantement des couleurs et les motifs issus de la juxtaposition des effets de chaîne et des effets de trame du linge fabriqué par le « Jacquard Français » labellisé Entreprise du Patrimoine Vivant. Il y a deux collections par an.

Déjà à l'entrée de Gérardmer et au centre, une pléthore de boutiques « outlet » propose des draps, des serviettes, des housses de couette,... made in France ou UE, suivant les enseignes. Les femmes s'y précipitent... suivies de leur mari ou compagnon. La carte bleue vire au rouge avec un dernier achat coup de cœur façon « Ce peignoir te va si bien ».

Sugar Love

Pâtissier de profession, Justin Wexler, en collaboration avec son frère Manuel, décida de lancer sa propre entreprise. La « Confiserie Géromoise » fut fondée le 17 décembre 2014. Le succès arriva très vite et aujourd'hui, 100 tonnes de Bonbons des Vosges et autres Gommes aux plantes sont dégustés chaque année.

La fabrication se décline en 5 parties : la cuisson « cuite » pour la chauffe des ingrédients de base (sucre, eau et glucose pour éviter la cristallisation), le travail sur table pour l'incorporation des ingrédients aromatiques ici certifiés bio, le façonnage soit le passage au « bati » (cylindre en bronze), le refroidissement assuré sur un tapis ventilé et le givrage dans une turbine garantissant une finition parfaite.

L'unité de production des bonbons des Vosges biologiques et artisanaux fabriqués à Gérardmer se visite (680 route d'Épinal )... et fait saliver. La boutique du bonheur des papilles est à la sortie. Vous aurez le choix entre le miel, l'eucalyptus, la myrtille,... et si vous subissez une attaque de lutins ou souffrez d'un lendemain qui déchante , craquez pour « La Gueule de Bois » qui associe sa Majesté Sapin à sa Reine la Gentiane.

La nature

Nichée dans un écrin de verdure, entre lacs, forêts et montagnes, Gérardmer séduit les amateurs de randonnées. Le tour du lac de Gérardmer, par exemple, ou ceux plus courts de Longemer et Retournemer à proximité. « Cette fois-ci, on prononce « mer » précise, dans un sourire, Valerie Lanoë. Ils tirent leur nom de « mare », l'étendue d'eau. Je vous conseille aussi de découvrir le Circuit du tourisme cinématographique « Sur les traces des grandes gueules ». Allez en voiture au lieu-dit le Cellet où furent tournés l'incendie de la scierie et la bagarre mythique dans les eaux glacées de la pièce d'eau ! »

La saga de ce film de Robert Enrico est relatée par Jean-Pascal Voirin dans « L'aventure des Grandes Gueules » paru aux Éditions Olizel. L'auteur cite les « Mémoires » du réalisateur, qui après avoir été primé avec la Palme d'or du court métrage au Festival de Cannes en 1962 pour « La Rivière du Hibou », traversait une passe difficile. Extrait : Le téléphone sonne : Au bout du fil : « Michel Ardan, producteur. Voulez-vous tourner avec Bourvil et Lino Ventura ? »

 Le tournage des « Grandes Gueules » dont on célèbre le 60 ème anniversaire cette année commence dans les Vosges en 1965. Jean-Pascal Voirin évoque le différent qui opposa André Bourvil désirant jouer le rôle d’Hector Valentin sur le mode comique qui assurait sa notoriété alors que Rober Enrico recherchait un registre dramatique en contre-emploi pour l'acteur. Une autre anecdote est celle du tendre baiser que Marie Dubois donne à Ventura par surprise. Lino fut stupéfait. Il demanda que la séquence soit coupée au montage mais Enrico la conserva.

Gérardmer est une superbe destination pour un week-end riche en inattendus. C'est aussi un rendez-vous incontournable pour les amateurs de frissons et de cinéma fantastique dont le Festival international de Gérardmer se tiendra du 27 janvier au 1er février 2026.

Claude-Yves Reymond, de retour de Gérardmer.

 Guide pratique

Dormir et manger

Depuis 1860, le Grand Hôtel & SPA **** (Place du Tilleul www.grandhotel-gerardmer.com) est l'un des fleurons du tourisme lorrain.   Une longue tradition qui vous permettra si le menu du marché au restaurant « Le Grand Cerf » comporte, ce jour-là, le poulet entier d'assister à la découpe de la volaille.   Devant vous, à table.

Restaurant Le Lido (138 Chem. du Tour du Lac, www.lido-gerardmer.fr), bistronomique et vue superbe sur le lac.

Chez Mémé ( 5 Pl. Albert Ferry, www.memegerardmer.fr) pour une petite fringale dans un endroit loufoque et déjanté. Ne manquez pas de vous soulager aux WC !

Acheter

Les « Petits Crus Vosgiens » (610 Route d’Epinal, www.lespetitscrusvosgiens.fr/) pour des boissons fermentées à base de fruits, de fleurs ou de plantes.

Les « Herbes du Valin » (www.lesherbesduvaltin.fr) dans le village Le Valtin, une échope qui propose des plantes médicinales et aromatique ainsi que des liqueurs de montagne. Essayez la tisane « Taille de guêpe » !

Le " Chalet des Peluches"  ( 1 B Bd Kelsc, www.chalet-des-peluches.com/) pour confectionner soi-même son doudou préféré.

Pour le linge de maison, privilégiez Le Jacquard Français, Garnier-Thiebaut, Linvosges (inventeur de la vente par correspondance du linge de maison) et Blanc des Vosges.

« L'aventure des Grandes Gueules » de Jean-Pascal Voirin aux Editions Olizel est disponible à l'Office du tourisme. 35 euros.

Se renseigner

Office du tourisme de Gérardmer, www.gerardmer.net ( 4 Pl. des Déportés). Chaleureux et efficace.