Dans la nuit du 12 au 13 août 1961, les premières briques sont posées. Un peu plus tard, 43 kilomètres de béton et de barbelés séparent la zone sous occupation soviétique de la zone sous occupation américaine, anglaise et française à Berlin. La libre circulation n'existera plus : 17 millions d'Allemands de l'est deviennent, en quelque sorte, des prisonniers surveillés par la toute puissante « Staatssicherheit ».
Irrémédiablement
A Leipzig, cette anecdote est toujours racontée : « Prenez un taxi pour rentrer chez vous ! Donnez simplement votre nom ! Il y a de forte chance que le chauffeur sache déjà où vous habitez. »
Même au sein de la famille la plus unie qui soit, chacun se surveillait. Les renseignements étaient collectés au siège « Runden Ecke » ( Dittrichring 24, www.runde-ecke-leipzig.de) devenu un musée dont la visite est impressionnante. Lors des interrogatoires, la sueur et l'odeur du suspect étaient même récoltées afin que les chiens, par la suite, puissent le suivre à la trace. A savoir aussi que l'ampleur des archives était si importante que les responsables ne purent toutes les détruire dès le 9 octobre 1989, quand 70 000 personnes se réunirent pour la Marche Silencieuse, l 'événement qui déclencha la Chute du Mur de Berlin, le 9 novembre.
Dans une superbe exposition, la fondation « Haus der Geschichte der Bundesrepublick Deutschland » (Grimmaische Strasse 6, www.hdg.de) retrace la vie au quotidien des gens : 15 ans d'attente pour une Trabant au moteur 2 temps et des milliers de marks qui dormaient sous le matelas puisqu'il n'y avait rien à acheter.
Internement
A Berlin, Check Point Charlie et les fresques de la East Side Gallery (Mühlenstrasse) sur 1,3 km sont des passages obligés. Tout comme la visite de l'ancienne prison de la STASI (Berlin-Hohenschönhausen, Genslerstrasse 66, www.stiftung-hsh.de). Ce camp spécial fut créé pour le transit d'environ 20 000 prisonniers. Les conditions de vie étaient atroces dans l'entassement de 4 200 personnes à la fois. Les aveux étaient arrachés par la privation de sommeil, l'obligation de rester debout pendant des heures et les séjours dans des cellules qui se remplissaient lentement d'eau. L'an passé, 385 000 personnes ressortirent plutôt pâle de cette découverte de la dictature communiste.
Et aujourd'hui ?
Curieusement, c'est le coût d'exploitation exorbitant de la STASI grevant le budget de la RDA qui provoqua sa crise économique... et la chute du mur. Que sont devenus aujourd'hui les 98 000 collaborateurs permanents et les 189 000 officieux (inoffizielle Mitarbeiter, les iM) ? Malgré l'interdiction d'exercer une fonction publique, certains entrèrent dans la police ou dans des services de sécurité privés. D'autres proposèrent leurs connaissances en psychologie et en manipulation. Pas un aveu, chacun reste muet sur son passé ou l'enjolive à son avantage.
Ironie du sort, certaines ambassades à Berlin possèdent aujourd’hui des antennes extrêmement performantes. Récemment, Angela Merkel n'apprécia guère que Big Brother écouta ses conversations téléphoniques.
Claude-Yves Reymond
pour Wellness & Santé "*Découverte" hiver 2014-2015
L'oscar de la découverte
La découverte du quotidien en ex RDA, c'est bien. Mais sans oublier la vie trépidante de Berlin de jour comme de nuit et la musique, avec Bach et Mendelssohn, à Leipzig.
TOP infos
Aller. Depuis la Suisse, avec Lufthansa : pour Leipzig via Francfort ou Munich ; vol direct vers Berlin. Au coeur de la capitale, l'aéroport de Tegel est toujours en activité. www.lufthansa.com
Dormir. Hotel Days Inn (Gerichtsweg 12, 04103 Leipzig, www.daysinnleipzigcity.com), une expérience curieuse de séjour dans un bâtiment construit en période RDA. A Berlin, le principale atout du Lindner Hotel Am Ku Damm (Kurfürstendamm 24, 10719, www.lindner.de) est sa situation idéale.
Manger. A Leipzig, le Restaurant Weinstock (Marktplatz 7, www.restaurant-weinstock-leipzig.de) est une bonne adresse. A Berlin, dédaignez le Restaurant Rio Grande (May-Ayim-Ufer 9, www.riogrande-berlin.de/restaurant/) qui, profitant de sa position idéale en bordure de la Spree propose négligemment des mets sans goût. Le plat avec diverses saucisses – dont celle de Thuringe -est délicieux au Restaurant Das Meisterstück, Hauvogteiplatz 3, www.dasmeisterstueck.de).
Jetez un coup d'oeil au Supermarket concept space Berlin (Hardenplatz 2, www.supermarket.de) à la boutique design originale mais l'ambiance musciale tonitruante vous découragera de vous y arrêter pour manger, somme toute, une cuisine basique.
Acheter. Vert ou rouge, l'Ampelmann, symbole des feux de signalisation de feue Berlin est, se décline en multiples gadgets dans six Ampelmann Shop Berlin. www.ampelmann.de
Se renseigner.
La Deutsche Zentrale für Tourismus e. V., Freischützgasse 3, 8004 Zurich, tél : 044 213 22 00, www.germany.travel, est efficace.